Le télétravail ou le travail à distance a été plébiscité avec la pandémie de la covid-19. Et tout porte à croire qu’elle s’imposera de plus en plus dans nos vies. Cette méthode de travail alternative, pratiquée dans beaucoup de secteur d’activité, ne concerne pas uniquement les collaborateurs mais touche aussi leurs managers. Quelles conséquences économiques attendues du télétravail ?

Tout d’abord, la première question qu’on se pose généralement sur les conséquences économiques du télétravail porte sur la productivité des travailleurs. Le télétravail peut influencer la productivité des employés via divers canaux conduisant à un effet ambigu. En effet, il y a l’inquiétude que le télétravailleur puisse fournir moins d’effort, car n’étant pas sous la supervision directe de son manager ; autrement dit, la crainte que le télétravailleur puisse « tirer au flanc ». A contrario, le télétravail peut rendre les employés plus efficaces et productifs, à travers des bienfaits individuels tels que l’amélioration de l’équilibre entre vie familiale et vie professionnelle, baisse du temps de transport avec moins de stress et augmentation du temps de sommeil. Pour lever l’ambiguïté, Bloom et al. (2015) ont mené une étude économétrique sur la base d’une expérimentation de télétravail d’un centre d’appel du groupe Ctrip. Ces auteurs ont montré que le télétravail a entrainé une augmentation de la productivité de 13%. De manière générale, d’autres études, à l’instar de Bloom et al. (2011) sur des données d’entreprises en Allemagne, aux États-Unis, en France et au Royaume Uni, ont trouvé une relation positive significative entre les arrangements flexibles du travail (conciliant vie professionnelle et vie familiale) et la productivité des firmes ayant de bonne qualité managériale.

Ensuite, des conséquences en termes d’économie urbaine sont à attendre de l’essor du télétravail. Il permettra de réduire la fréquence des trajets quotidiens dans les grandes agglomérations, tout en baissant les émissions de gaz à effet de serre. Aussi, il causera une chute des coûts de location de bureaux dans les agglomérations en tension immobilière et facilitera l’accès au logement. Ainsi, la généralisation du télétravail, avec la non-nécessité d’être quotidiennement sur le lieu de travail, entrainera un redéploiement de la population et une redynamisation des territoires.

Enfin, avec les récentes innovations numériques (l’accès aux réseaux haut débit et la digitalisation), la généralisation du télétravail risque de favoriser la délocalisation des emplois. Cette délocalisation concernerait davantage les emplois qualifiés dans les services. Ainsi, grâce à l’automatisation des services par les nouvelles technologies de l’information et de la communication, on assisterait à une «télémigration » où on ferait appel au bout du globe à des personnes qualifiées et très compétitives. L’ampleur de cette télémigration va dépendre de la capacité d’adaptation managériale et du coût du télémanagement associé.