La crise sanitaire que nous traversons depuis plus de dix mois qui s’installe durablement, mobilise l’ensemble des forces de notre pays et occupe une place très importante dans nos débats.

A n’en pas douter beaucoup de secteurs d’activités n’auront pas le même visage après cette pandémie et devront trouver les bonnes réponses aux questions qu’aura soulevées cette crise sanitaire.

Dans le secteur de l’assurance, nombreux étaient les sujets de fond avant cette crise, ces sujets demeurent et se présenteront de manière encore plus prégnante demain.

Parmi eux nous pouvons citer :

L’assurance santé et prévoyance tout d’abord, que deviendra notre système de protection sociale après ce séisme, quel sera le niveau de prélèvement que les entreprises et leurs salariés seront en mesure d’accepter et de supporter ? quel rôle les acteurs de la protection sociale complémentaire pourront-ils encore jouer ?

L’assurance vie ensuite, comment les assureurs pourront-ils faire face à leur engagement face à la politique des taux bas sans altérer leur
solvabilité, quelle évolution du chantier solvabilité 2 ? quelle perspective de rentabilité pour les épargnants ?

L’apparition d’acteurs technologiques dans le secteur de l’assurance va-t elle modifier le paysage de la distribution et aura-t-elle une incidence sur une des règles fondamentales de l’assurance qu’est la mutualisation du risque ?

Autant de questions auxquelles des réponses devront être apportées rapidement. Parmi ces réponses figure celle du cadre réglementaire qu’il faudra repenser au plus vite pour permettre à l’industrie de l’assurance de retrouver un second souffle.

À l’heure à laquelle l’incertitude économique et sociale semble gagner du terrain dans nos pensées et les assureurs sont pointés du doigt à propos de la couverture des pertes d’exploitation liées à la crise sanitaire, j’ai le plaisir de vous présenter le premier numéro de la revue Les bonnes feuilles de l’assurance. Celle-ci n’a pas la prétention de vous apporter des arguments rassurants, mais de proposer des contributions de doctrine, des débats, des propos libres et des réflexions sur les défis de l’assurance.

En effet, aujourd’hui plus encore que par le passé, l’assurance est confrontée à la nécessité d’évoluer, de s’adapter, de changer et de prendre en considération de nouveaux paramètres liés à l’évolution de la société. Elle doit, en définitive, répondre à des nouveaux défis. Elle se trouve ainsi au croisement de perspectives économiques et sociales, personnelles et collectives, publiques et privées, toutes guidées par un même critère, celui de la protection, même si celui-ci est appréhendé différemment selon la position de chacun, assuré ou assureur. Le premier cherche une protection face à un événement incertain et le deuxième oriente ses actions vers le profit tout en garantissant cette protection. Le cadre de cette relation est nécessairement défini par le contrat conclu par les parties, élément essentiel auquel le législateur, soucieux de leur protection, s’intéresse depuis fort longtemps, car le Code de Napoléon définissait déjà le contrat aléatoire – « lorsque l’équivalent consiste dans la chance de gain ou de perte pour chacune des parties, d’après un événement incertain, le contrat est aléatoire » (art. 1104, al. 2) – catégorie de conventions à laquelle se rattache le contrat d’assurance.

Le droit, l’économie, la gestion, la sociologie et tant d’autres disciplines s’intéressent à l’assurance et participent à la construction d’une théorie sur cette activité dont on trouve des traces au Moyen Âge et même à l’Antiquité. Placée au centre des contributions de cette revue, l’assurance fera l’objet d’études ayant trait au contexte économique et social présent. De plus, elle sera source de questionnement et d’analyse dans les changements introduits par le digital dans notre société. Aussi le premier numéro est-il structuré autour de deux sujets. Le premier s’impose par la situation sanitaire actuelle : les conséquences de la pandémie et les enjeux pour les professionnels de l’assurance nous amènent à nous interroger sur l’absence d’anticipation, sur la transformation de l’économie et celle digitale des entreprises, sur les produits de l’assurance ou encore sur le positionnement et l’évolution du droit du travail. Le deuxième doit nous permettre « d’aller de l’avant » et d’étudier l’assurance sous le prisme d’autres disciplines afin d’appréhender son évolution et de proposer de mesures d’adaptation aux évolutions du comportement des consommateurs et de la législation applicable en la matière.

La parution du premier numéro d’une revue est l’occasion privilégiée pour remercier les personnes qui ont impulsé le projet, qui ont fait confiance à son porteur pour le mener à bien, qui ont cru et croient encore que la pensée et la réflexion sont la base de l’avenir – d’autant plus si elles sont partagées – qui considèrent également que l’enseignement et la recherche avancent ensemble vers un seul objectif, celui de la diffusion du savoir et de la culture. Ces personnes sauront se reconnaître dans ces mots au travers desquels je souhaite leur exprimer ma reconnaissance et mes plus sincères remerciements.